Couleuvre d'Esculape
La couleuvre d'Esculape est une espèce de serpent de la famille des Colubridés.
C'est un serpent d'environ 1,10 m à 1,60 m de long (rarement 2 m) au corps long mince et sa tête est fine et longue et son museau est arrondi. Son cou est plus ou moins marqué. La pupille est ronde et moyenne et non saillante, les écailles sont lisses et plates sauf les ventrales qui montrent une arête de chaque côté. Ses écailles et ses plaques sont triangulaires sur son front, aussi large que longue, en contact direct avec les supraoculaires ; les pariétales sont plus longues mais à peu près aussi larges que les frontales. La rostrale légèrement saillante, très peu visible de dessus, plus large que haute, plus ou moins divisée. La grande loréale, aussi haute que longue ; 1 préoculaire de taille sensiblement identique à la 4e supralabiale ; 2 postoculaires et 2+1 temporales ; 8 ou 9 supralabiales (4 et 5 en contact avec l'œil) et 9 ou 10 infralabiales. Dorsales lisses et vernissées, parfois légèrement carénées dans la région postérieure, sur 21 ou 23 rangs à mi-corps. Ventrales larges et étroites au nombre de 212 à 248 (anomalies fréquentes) ; 60 à 91 urostèges divisés. Anales divisées elles aussi.
Son dos est uniforme ; des parties dorsales brunes, grisâtres, jaunâtres, ocre, brun, verdâtres. Sur le côté du cou, un large croissant, plus ou moins flou, jaune clair, recourbé vers les temporales. Labiales et rostrale jaune pâle, mouchetées supérieurement de brun ; 4ème supralabiales séparées de la 5e par une mince ligne verticale sombre ; elle se retrouve plus bas, mais moins nette, entre les 5ème et 6ème infralabiales. Un petit point blanc bleuté marque postérieurement chaque dorsale. Des bandes longitudinales claires et sombres apparaissent sur le dos de certains individus. Flancs et ventre jaune pâle, unis ou légèrement mouchetés de brun à la séparation dorso-ventrale. La queue suit la coloration du tronc : iris gris, brun doux. Mélanisme rare, mais albinisme fréquent.
C'est un serpent qui fréquente les milieux clairs et ensoleillés mais fuit l'extrême chaleur. Elle vit au sol mais c'est un bon grimpeur que l'on peut rencontrer posté dans les arbres et arbustes de 15 à 30 m. Il se nourrit principalement de petits mammifères (campagnols) qu'il étouffe mais aussi d'oisillons ou de lézards. La couleuvre d'Esculape n'est pas farouche et approche les habitations, grimpe jusqu'aux balcons sans problème. La couleuvre d'Esculape est non venimeuse.
Asclépios, le Dieu-médecin des Grecs anciens, devenu Esculape à Rome, portait dans sa main droite un bâton entouré d'un serpent ; on pense de nos jours qu'il s'agissait de cette grande couleuvre à la brillante livrée. C'est aussi elle que l'on retrouverait autour du bâton d'Asclépios, de nos jours emblème des médecins (et de la coupe d'Hygie pour les pharmaciens).
Les Romains vénéraient Esculape sous la forme terrestre d'un Serpent long et "blanc" ; ils devaient poser à cette Couleuvre des questions sur la guérison de leurs maux, les réponses étant données par l'intermédiaire des prêtres. Étaient donc gardés en captivité dans les temples et même dans les maisons des Ophidiens vivants (que l'on suppose de l'espèce Elaphe longissima, les couleuvres de Montpellier s'apprivoisant moins bien), dans des fosses ou des vases de terre. Les Romains envahissant la Gaule emportèrent avec eux ces poteries et le problème est toujours posé de savoir si ce ne sont pas des individus échappés des temples qui peuplèrent différentes régions françaises. À noter que la forme existant en France est la nominative et non la romana. On retrouve la relation entre médecine et Elaphe longissima dans les traditions populaires germanique et celtiques, où les connaissances médicales pouvaient être acquises par ingestion de la chair bouillie d'un serpent "blanc" (Morris).